Après quelques années passées dans le monde de l'industrie à vouloir innover, je me suis évadé pour aller découvrir le monde en sac à dos avec ma compagne Florence.

 

Ce voyage entrepris en 2004 nous a permis de traverser à pied des chaines de montagnes grandioses et de nous arrêter dans les villages d'altitude isolés. Ce fut à chaque fois l'occasion d'y rencontrer des personnes merveilleuses qui, n'ayant presque rien, devaient prendre le "temps de faire" des objets utilitaires pour améliorer l'ordinaire dans leurs habitations extraordinaires.

Au retour, après cette année de découverte, nous nous sommes ré-installés dans la région où nous avons, à quatre mains, entièrement rénové une maison en y intégrant le plus possible nos souvenirs de voyages.

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C'est en utilisant des matériaux usagés et déformés provenant de dé-constructions d'immeubles ou de décharges que Florence m'a petit à petit montré comment tirer parti des défauts de ces bouts de bois, de la forme des morceaux de fer ou de verre pour créer des objets ayant une âme.

 

A partir de là, il m'aura fallu plus d'une dizaine d'années de ré-apprentissage pour perdre des automatismes si chèrement acquis durant la scolarité (eh oui, l'école rend la tête dure) pour regarder les objets tels qu'ils sont dans leur jus sans vouloir les rendre parfaits...

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Alors, aujourd'hui, pour expliquer cette nouvelle façon de faire pour moi, je prends souvent en exemple la poésie où les contraintes des rimes et du rythme "obligent" le poète à travailler, à modeler, à choisir avec précision tous les mots des vers qui vont ainsi, aussi devenir une source de plaisir et fasciner le lecteur.

 

De la même façon, les défauts des matières, leur forme sont maintenant des contraintes "providentielles" que j'utilise pour imaginer et créer des objets uniques qui, je l'espère transmettent de l'émotion. 

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Jean-Luc Bauer